Charte de la Plateforme

Charte de la Plateforme

Les organisations et collectives membres de la Plateforme se fédèrent autour de cette charte commune, que vous trouverez ci-dessous.

Les violences basées sur le genre sont une violation de nos droits humains et une question de justice sociale. Il s’agit d’un outil clé du système de domination patriarcale, et pas seulement d’une conséquence des inégalités entre les femmes* et les hommes. Nous comprenons par système de domination patriarcale une préférence systématique et sociétale de la norme masculine, ce qui se manifeste concrètement dans les structures de la société (famille, justice, emploi, langage, pouvoir, …). La domination patriarcale est inséparable d’autres formes de domination comme le (hétéro-/cis-/mono-)sexisme, le racisme, le classisme, le validisme, ou encore l’âgisme.

Les violences basées sur le genre peuvent prendre des formes psychologiques, verbales, sexuelles, physiques, spirituelles, économiques, sociales, institutionnelles, collectives… De plus, elles prennent des formes et ont des conséquences différentes par rapport à la diversité des femmes et des filles. Les violences s’articulent ainsi dans un continuum, et cela sur deux plans. D’un côté, les violences basées sur le genre sont liées entre elles. La domination patriarcale, et avec elle les violences sexistes, traversent tous les domaines de la société et de la vie. De l’autre côté, le système de pensée dominant ne permet pas aux femmes d’identifier avec certitude des vécus comme violence et rend floues les limites entre l’acceptable et l’inacceptable. Les politiques et lois actuelles, de par leur segmentation, ne reflètent pas cette expérience de violence des femmes et des filles et, par conséquent, ne peuvent pas atteindre une efficacité optimale.

Les violences touchent les femmes et les hommes, les filles et les garçons de manière inégalitaire :

  • Parmi les victimes de violence, les femmes et les filles sont surreprésentées, notamment quand il s’agit des formes de violence répétitives, sexualisées et commises par des proches. Si une personne se trouve au croisement de plusieurs systèmes de domination, cela accroît le risque qu’elle se voit confrontée à de la violence ;
  • Parmi les auteurs, les hommes constituent la grande majorité, même si des femmes peuvent également être autrices de violence. Dans la société en général, et ce, même au sein du mouvement féministe, le manque d’analyse intersectionnelle mène à la discrimination, l’exclusion et la violence envers des femmes minorisées ;
  • Les violences basées sur le genre ont un effet sociétal différent de celles envers les hommes et les garçons (même si elles n’ont pas le même effet sur toutes les femmes et filles) : elles sont un facteur important dans la féminisation de la pauvreté, le renforcement des stéréotypes de genre et la dégradation de la santé mentale et physique des femmes et des filles ;
  • Les violences basées sur le genre ont la fonction de créer et renforcer chez elles le sentiment d’insécurité, leurs stratégies d’évitement et les limitations de leurs libertés qui en découlent. Elles participent à la subordination des femmes dans tous les domaines de la société.

Une lutte contre les violences basées sur le genre qui ne tient pas compte de ces points sera inefficace ou aura des effets pervers.

En vue de l’éradication des violences basées sur le genre, nous demandons, entre autres :

  • la (re)connaissance par les institutions et la population de la complexité des violences basées sur le genre ;
  • la prise de conscience, le positionnement catégorique et l’investissement actif de la société pour la prévention et le suivi des violences basées sur le genre ;
  • la solidarité entre toutes les femmes et les filles, dans toute leur diversité, dans la lutte contre les violences ;
  • de rendre aux femmes et aux filles la capacité individuelle et collective d’action, de résistance et de lutte contre les violences ;
  • le développement de stratégies de lutte contre les violences basées sur le genre à partir de leurs expériences personnelles et collectives ;
  • la responsabilisation des auteurs des violences basées sur le genre à travers la réparation ;
  • de déconstruire et de combattre les stéréotypes sur les violences basées sur le genre.

Nous valorisons également l’inclusivité dans notre lutte. Nous nous engageons à rendre notre plateforme la plus accueillante et inclusive possible pour toutes les femmes et minorités de genre, dans toute leur diversité. Nous reconnaissons que cela nécessite un processus d’apprentissage continu. Toutes ces voix sont essentielles et nous souhaitons prendre en compte chaque expérience unique pour contribuer à créer un monde plus sûr et égalitaire pour toustes.

*Dans ce texte, le mot « femmes » fait référence aux femmes et aux minorités de genre.