Le continuum des violences basées sur le genre

Le continuum des violences est un concept qui englobe l’ensemble des violences masculines en les considérant comme un tout et non comme un processus hiérarchique.

Ce concept a notamment été théorisé par la sociologue féministe Liz Kelly à la fin des années 1980 afin de mieux appréhender les différentes facettes de la violence. Son utilisation permet d’intégrer les violences masculines dans un système de domination sociale patriarcale, où les femmes subissent une multitude de violences en lien avec leur sexe et/ou leur genre. Malgré l’évolution des droits vers plus d’égalité, les femmes continuent à subir la majorité des violences dans le monde, quel que soit leur âge, leur origine sociale, leur culture ou leur position géographique.

Certes, il peut être tentant de hiérarchiser ces violences en les classant des plus graves au moins graves, mais sur le terrain, on s’aperçoit vite que cela n’a aucun sens.

D’abord, parce que d’une personne à l’autre, un évènement identique ne revêt pas la même gravité pour chacun·e.

Ensuite, et surtout, parce que toutes ces violences sont intimement liées les unes aux autres et s’alimentent mutuellement. En tolérer certaines revient alors à les tolérer toutes. Ainsi, les violences physiques induisent un risque accru de développer un syndrome de stress post-traumatique (violence psychologique), ce qui implique une diminution, voire un arrêt total, de travail. Cela entraîne une baisse de revenus (violence économique). Cela peut conduire àdevoir entamer toute une série de démarches pour faire valoir ses droits (en tant que victime et/ou au niveau économique), ce qui augmente le risque de subir des violences institutionnelles. De plus, la vie sexuelle peut être fortement influencée par ces violences aussi, tout comme la vie sociale.

En d’autres termes, il est rare qu’une forme de violence s’exerce seule. En effet, les violences sexuelles sont souvent accompagnées de violences psychologiques, par exemple. Les violences intrafamiliales, quant à elles, mêlent tour à tour toutes les formes de violences et celles-ci ne s’arrêtent malheureusement pas à la séparation.

Enfin, même les formes de violences généralement considérées comme les moins graves peuvent entraîner des conséquences mortelles. Ainsi, les blagues sexistes peuvent paraître inoffensives, mais elles sont aussi liées à toutes les autres formes de violences. Elles contribuent en effet à une vision du monde selon laquelle les femmes sont des objets de moqueries qui ont moins de valeur que les hommes. Elles induisent alors le droit de leur faire violence ; elles ne permettent pas de différencier ce qui est drôle de ce qui est violent. Par conséquent, elles participent activement à ce continuum, et donc à toutes les autres violences, incluant le viol et le féminicide.