Définition du terme « féminicide »
Le terme « féminicide » a émergé il y a environ quarante ans grâce aux sociologues Jill Radford et Diana H. Russell. Il renvoie à une réalité qui existe depuis toujours : le meurtre d’une fille ou d’une femme en raison de son genre.
Ce phénomène a été historiquement occulté, minimisé et banalisé. Pourtant, le féminicide ne peut être interprété comme une série d’actes isolés ; il révèle une réalité profondément enracinée dans des structures plus vastes, notamment les inégalités de genre, la violence patriarcale, les normes sociales et les politiques étatiques qui contribuent à normaliser les violences basées sur le genre.
Et le féminicide existe de tout temps et de tout lieu : des traces préhistoriques du phénomène, datant du Néolithique, ont pu être documentées. Des exemples historiques, tels que les chasses aux sorcières aux XVIe et XVIIe siècles, illustrent comment la violence a été utilisée pour maintenir le contrôle sur les femmes et contenir leur émancipation, laissant une marque indélébile sur nos sociétés européennes et influençant les normes de genre jusqu’à aujourd’hui.
Les violences basées sur le genre se manifestent sous de nombreuses formes, notamment les violences sexuelles, conjugales, institutionnelles, économiques, psychologiques et verbales, et se déploient dans un continuum où elles s’imbriquent et se renforcent mutuellement. Le féminicide représente la forme ultime et la plus extrême de ce continuum. Bien que l’attention se concentre souvent sur les féminicides intimes, commis par des partenaires ou des ex-partenaires, il ne faut pas négliger les féminicides non-intimes, qui révèlent également des violences structurelles et systémiques envers les femmes et les minorités de genre. La nouvelle loi sur les féminicides donne des définitions claires du phénomène et de ses différentes formes.
Le terme « féminicide » souligne l’importance de la violence structurelle que subissent les femmes et les minorités de genre et met en lumière le caractère misogyne, haineux et toléré socialement de ces actes. Il reflète une vision machiste et misogyne de la société, ainsi que l’insuffisance des garanties de sécurité pour les femmes et les minorités de genre dans les lieux privés, au travail, dans les espaces de loisirs ou dans l’espace public, avec des sanctions souvent inadéquates pour les auteurs de féminicides.
Il est essentiel de changer notre vocabulaire et de ne plus considérer ces actes comme de simples « faits divers ». Appeler un féminicide un féminicide est un premier pas vers la reconnaissance de ces crimes de genre, de la violence structurelle et de la nécessité de prendre des mesures pour mettre fin à cette réalité profondément enracinée.